Du 12 au 14 mars 2024 s’est tenue à la Bergerie nationale le workshop organisé par Sophie Allain (INRAE, UMR SADAPT) et Patrice Cayre (Resothem DGER). Le workshop a permis de faire le point sur l’état des lieux des approches sensibles comme l’un des accélérateurs des transitions dans l’enseignement agricole. Le thème des deux journées a été abordé par une vingtaine de personnes chercheurs et enseignants chercheurs, enseignants de lycée agricole et directeurs d’exploitation, chargés de missions et étudiants.
Deux objectifs majeurs ont guidé ces 2 journées d’échange :
- Intérêt et modalités d’introduction de pédagogies du sensible dans l’enseignement agricole en confrontant différentes expériences et analyses
- Penser et organiser la mise en œuvre de premières actions pédagogiques
La démarche engagée sur une logique d’expérience collective reposait sur :
- des analyses
- des focus-groups
- Une logique de montée en capacités collectives et d’échanges, dans l’optique de créer une communauté de pratiques
- des témoignages d’expériences
- des séquences d’initiation à des démarches sensibles
Partant d’un constat communément admis que le traitement « en silos » de la transition écologique aboutit à des impasses, les enjeux pédagogiques, philosophiques et éthiques d’une approche sensible pour l’enseignement agricole visaient durant les échanges à voir quelles pourraient être la plus-value qu’apporterait les pédagogies du sensible dans une phase de transition agroécologique. Un éventail de questionnement a été abordé au travers d’un large spectre du corpus scientifique publié ces dernières années qui pose le cadre de travail sur les dimensions et l’influence des approches sensibles dans les apprentissages :
• Comment définir le sensible ? Que cherche-t-on à travers le sensible ? Qu’entend-on par sensible ?
• Liens entre approche sensible et prise de décision (individuelle et collective)
• Le sensible s’enseigne-t-il ou s’agit-il avant tout d’organiser des cadres facilitants ?
• Quels outils peuvent accompagner une expérience sensible (journaux d’étonnement), en rendre compte (dessin, peinture, poème, mimes…) ?
• Quels espaces d’apprentissage mobiliser (hors les murs, tiers lieux…)
• Comment faire expérimenter concrètement à des jeunes ce qui se joue dans le sensible ? Implications pour l’organisation pédagogique (durée, fréquence…)
• Quelles compétences les enseignants doivent-ils acquérir pour enseigner le sensible ? Comment peuvent-ils les acquérir ?
• Place d’une pédagogie du sensible dans le système RFD (recherche-formation-développement) agricole actuel
• Complémentarités possibles d’une pédagogie du sensible et d’une pédagogie de la connaissance ?
L’intérêt de débattre collectivement de ces questions, a permis de confronter des points de vue diverses sur :
Enjeux d’un rapport sensible au milieu, avec l’intervention de :
- David Bartoli : Soigner le corps-territoire pour habiter en terrestre
- Xavier Coquil : Le rapport sensible au milieu comme moyen de développement de l’autonomie de l’agriculteur
- Françoise Vernet : L’approche du sensible à Terre et Humanisme
- Hélène Hollard (Ferme de Beaujeu) -agricultrice
- Samuel Krishnan Cormier : La place du sensible dans les formations à l’agriculture syntropique.
- Lamia Latiri-Otthoffer : La place du sensible dans les formations de la filière aménagement paysager et dans le cursus général dans l’enseignement agricole
Prendre conscience de son corps, loisir ou nécessité en agriculture ?
• Charles Hervé-Gruyer: Des formations à la permaculture aux formations à l’écologie intérieure à la Ferme du Bec Hellouin
Pédagogies du sensible en agriculture
- Sophie Allain – La démarche goethéenne
- Aurélie Javelle – Des écosavoirs aux écoformations: Les apports du travail d’Anne Moneyron
- Juliette Anglade – Approches éducatrices centrées sur l’apprenant dans l’accompagnement des transitions agricoles
Quatre expériences vécues de pédagogie du sensible menées en agriculture :
Témoignages sur le mode du storytelling – Raconter une expérience vécue et ce que l’on en a tiré (les succès, les loupés, les leviers, les freins, les questions, les doutes…)
- Pauline Herbemont: Mon expérience de directrice d’exploitation à Aurillac
- Martin Quantin: Mon expérience de formateur au MABD
- Roland Ducroux: Mon expérience de formateur à la communication animale
- Juliette Anglade : Mon expérience de formatrice dans l’enseignement agricole
Ce premier workshop a donné lieux à l’ouverture d’un nouveau chantier avec :
- Un projet d’édition chez éducagri Edition, qui donnera lieu à la publication de deux ouvrages (l’un conceptuel et l’autre pratique) à destination de l’enseignement agricole.
- Une conception collective de modules de formation fondés sur le sensible.
A suivre donc !